Taches et coulures : fictions et récits vraiment ou banals « trucs » formels ?
Extraits :
« Il y a les taches et puis il y a les dégoulinades, ou les coulures, enfin ce qu’en art on appelle souvent les « dégoulinures », ces traces de peinture trop fluide qui tombent le long de la toile comme des gouttes de pluie sur la surface d’une vitre. »
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Dans l’art actuel, les taches et les coulures brouillent donc les pistes. Avec elles, l’art bourgeois s’encanaille.
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Mais en vérité la tache et la coulure sont des fictions.
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Elles perpétuent la légende du hasard : le malheur magistralement récupéré par l’artiste virtuose. Ce sont des récits. Et, à l’instar de ce qui se passe dans le monde politique et économique, beaucoup d’œuvres contemporaines n’existent que grâce au récit qui les accompagne ».
In Ces coulures qui font tache, O. Cena, Télérama N°3067, p.67
Autour de l’Entrée dans la vie, essai sur l’inachèvement de l’homme de Georges Lapassade.
« Les explosions de violence, le refus des valeurs et des institutions expriment l’impossibilité, aujourd’hui, de définir une norme de l’adulte et de la maturité en psychologie, en sociologie, en philosophie, en économie, en théorie de l’éducation… L’homme moderne apparaît comme profondément « inachevé ». La maturité consisterait peut-être à prendre conscience de cet inachèvement et à l’assumer. C’est ce qui explique que G. Lapassade propose de développer une véritable pensée de l’inachèvement. Son œuvre s’inscrit donc au-delà des mythes brisés de Savoir Absolu et de Sagesse. Dans le prolongement de Marx et Freud, mais aussi de Nietzsche et Heidegger, l’œuvre de G. Lapassade montre que l’homme ne pourra pas constituer une totalité achevée. Toute tentative pour figer l’homme dans une totalité inerte, une nature quelconque, ne peut qu’être la source de nouvelles aliénations psychologiques, politiques et sociales : « La norme de l’homme achevé, de l’adulte, est fondée sur l’oubli de ce qu’est l’homme véritablement ». »
In Groupes, organisation, institutions, G. Lapassade, texte établi par R. Hess, Ed. Economica, 2006
Autour du film de Martin Provost, Séraphine.
Extrait.
« Quand elle [Yolande Moreau] se réveille un matin, allongée sur la toile qu’elle a terminée dans la nuit, sans presque en avoir conscience, on est là à partager son hébétude et son étonnement d’y être parvenue. »
In L’innocence de l’art, P. Murat, Télérama N°3064, p.51