BILAN OPA : RECHERCHE D’ENTREPRISES PARTENAIRES

Méthodologie employée

Pour la recherche d’entreprises et/ou d’organisations partenaires, je me suis appuyée sur mon réseau et celui qui m’a été apporté par les membres du Syndicat Potentiel et Marta Caradec qui a souhaité nous aider sur le projet pendant quelques semaines entre mi-janvier et mi-mars.

J’ai ainsi privilégié les entreprises susceptibles d’être intéressées par une démarche artistique et celles au sein desquelles je pouvais bénéficier d’une entrée, d’un appui.

Je suis également entrée en contact avec les organismes professionnels représentant les entreprises et le monde économique afin d’obtenir des relais et des appuis d’une autorité venant de l’intérieur de ce milieu.

J’ai systématiquement appelé les entreprises de mon fichier pour présenter le projet au téléphone dans un premier temps dans la plupart des cas, suivi d’un envoi de mail comportant les documents présentant le projet (plaquette, budget), parfois d’un courrier en fonction des préférences de mes interlocuteurs. Chacun de ces envois a été suivi ensuite d’une relance ou de plusieurs relances pour obtenir un rendez-vous, une réponse.

Les résultats

Au final, j’ai pu avoir 47 réels échanges avec un décideur au sein de l’entreprise (échange téléphonique, de mail et/ou rendez-vous) sur 80 prises de contact.

2 organisations ont contractualisé l’accueil d’un artiste en immersion : ARTE GEIE et son Comité d’entreprise (chaîne de télévision) et GStudio (cabinet d’architectes).

Ont ainsi été immergés cette année 3 artistes :
Marie Bouts, au sein d’Arte GEIE du 21 avril au 16 juin 2008.
Julie Vayssière au sein de Gstudio du 22 au 26 avril 2008 et du 1er septembre au 31 octobre 2008.
Stéphanie Leininger au sein de Gstudio du 20 novembre au 20 décembre 2008.

Sur les 33 entreprises contactées au mois de juillet, 2 se sont déclarées intéressées par l’accueil d’un artiste en immersion en 2009.

Sur l’ensemble des 80 entreprises contactées seules 12 ont définitivement décliné la proposition.

BILAN OPA : ELEMENTS DE REFLEXION PERSONNELS

Au terme du développement actif d’OPA (Offre Publique d’Art) des questions se posent, non sur la pertinence de l’immersion d’un artiste au sein d’une entreprise, mais plus sur les modalités de mise en place d’un tel programme.

Artistes en entreprises : un pari impossible ?

Comment se fait-il que sur quarante-sept entreprises auxquelles le projet a été présenté, seules deux d’entre elles aient accepté d’accueillir un artiste en immersion au sein de leur entreprise, leurs locaux, parmi leurs personnels ?

Un chef d’entreprise peut-il assumer le risque de faire intervenir un artiste au sein de son établissement, sans savoir à l’avance ce que celui-ci va produire, si cette production sera de son goût ni même s’il produira quoi que ce soit, éventualité admise par le programme ?

Si la relation entre les mondes de l’art et de l’entreprise « ne va pas de soi » nous dit Clément Bastien, étudiant en sciences politiques qui termine une étude sur « Les investissement des entreprises alsaciennes dans le domaine artistique » commanditée par le Medef du Bas-Rhin, la méconnaissance de l’art contemporain par l’entreprise est-elle un frein à l’immersion d’artistes au sein d’organisations ?

Faire connaître l’art contemporain et ses formes

Il est indéniable, et je l’ai constaté lors de mes entretiens avec des dirigeants, que les formes processuelles produites par l’art contemporain et en interaction avec un spectateur agissant, celles auxquelles recourent les artistes membres de l’équipe OPA, que je présentai à mes interlocuteurs (performances, dispositifs participatifs, actions, modélisations dessinées à partir de données récoltées, films vidéo) n’étaient pas connues d’eux. Ces formes les ont parfois décontenancés mais plus souvent surpris, étonnés, interpelés. Certains ont entrevu des possibilités d’actions avec leurs personnels, d’autres ont craint pour la confidentialité de leurs données, certains y ont vu un moyen d’intervenir sur des problématiques sourdes de leur entreprise, d’autres ont estimé qu’il n’y avait rien à faire d’intéressant dans une usine pratiquant les 3/8, certains se sont dit qu’insuffler de l’art dans le quotidien de leurs collaborateurs ne pouvait qu’être positif, d’autres ont pensé que leurs chauffeurs n’accepteraient pas d’accueillir un artiste dans leur cabine… La plupart a demandé à être tenu au courant « de la suite », des actions réalisées, « pour voir ».

Une médiation autour de l’art contemporain en direction du public des entrepreneurs apparaît donc essentielle. Pour qu’il y ait passage à l’acte, il semblerait qu’il faille que le décideur connaisse l’artiste ou au moins les formes d’art qu’on lui propose d’accueillir mais aussi qu’il parvienne à envisager qu’une expérience artistique puisse se dérouler dans son environnement professionnel. Pour les deux organisations qui ont accueilli des artistes en immersion ces conditions étaient réunies.

Il est compréhensible qu’un futur commanditaire ait besoin d’être rassuré sur le professionnalisme de l’artiste qu’il envisage d’accueillir. Les références d’un artiste, ses publications, sa revue de presse me semblent autant d’arguments à même de convaincre un chef d’entreprise de lui ouvrir les portes de son établissement. L’appui d’intermédiaires, experts de l’art contemporain, directeurs de centres d’art ou entreprises de conseil art et management peuvent également contribuer à donner des repères et une certaine forme de garantie au chef d’entreprise dans la pertinence de son choix s’il en ressent le besoin.

Une nécessaire rencontre entre deux désirs

Ces critères « rationnels » d’appréciation ne sont pourtant pas suffisants. L’immersion d’un artiste au sein d’une entreprise ne peut avoir lieu que dans la rencontre entre deux curiosités, deux désirs d’ouverture, de questionnement, d’étonnement. Quel que soit l’intermédiaire, le cursus de l’artiste ou la renommée de l’entreprise, une immersion n’est possible que si cette rencontre a lieu.

Ce désir de travailler et de créer en relation avec des entreprises privées ou publiques, des administrations, des associations est avéré chez les artistes. Les motive tant le souhait de travailler en relation avec la société, de se confronter au réel et à autrui que de vivre de leur pratique.

Les expériences ne sont pas si rares, même dans notre région. A la faveur de l’atelier-formation que j’ai initié en octobre dernier avec Hélène Mugnier, consultante Art& Management, huit artistes nous ont ainsi rejoints pour partager leurs questions mais aussi leurs expériences. De portraits de commande réalisés pour une étude de notaires à la co-réalisation de boîtes à musique avec les déchets d’une entreprise de cartonnage en passant par un tournage avec les motards du Tour de France dans un studio de la SFP, les expériences de partenariat avec le monde de l’entreprise ne manquent pas. Nous relevons cependant que pour chacun des participants présents autour de la table un flou quant à leur statut est apparu dans cette relation : étaient-ils exécutants, artisans ou artistes ? Les choses bien souvent n’avaient pas été posées clairement au début de la relation, engendrant ensuite pour l’artiste des compromis qui pour certains les empêchent aujourd’hui de valoriser le travail accompli.

Une œuvre créée au sein d’une entreprise peut-elle s’en abstraire ?

La question du statut d’une œuvre réalisée par l’artiste en immersion se pose. Dans la mesure où elle a été réalisée au sein d’une organisation et où elle implique des personnes qui y travaillent, ceux-ci en deviennent-ils ses coauteurs ? Est-elle une œuvre collective divulguée sous le nom de l’artiste ? L’œuvre peut-elle avoir une existence propre au-delà de la période d’immersion, éventuellement être vendue, circuler sur le marché, devenir un objet d’art ?

Dans le cadre d’expériences clairement affirmées comme des interventions d’artistes en entreprise relatées lors des rencontres-discussions OPA d’octobre, les artistes d’Interim ont présenté les traces de leurs actions, diaporamas et films, objets fluides destinés à montrer l’éphémère pour partager l’expérience. Marie Reinert, en résidence aux Archives départementales d’Ille et Vilaine dans le cadre de la Biennale de Rennes, nous a présenté le film qu’elle y a réalisé en partenariat avec un ergonome du travail et dans lequel sont impliqués les salariés des archives. Ce film existe sous forme d’installation, les conditions pour le montrer impliquent un dispositif particulier, c’est une œuvre qui peut circuler, être installée et montrée dans un espace muséographique. Une œuvre qui fait sens et affirme son caractère fictionnel lorsqu’elle est abstraite de son contexte.

Redonner aux acteurs le choix d’être un public, replacer les œuvres dans le contexte de l’art

Que l’artiste immergé produise des formes immatérielles ou matérielles, que seules subsistent des traces de son action ou qu’apparaissent des formes pérennes, il me semble important que soit prévue une monstration du travail réalisé dans un lieu d’art. L’objectif en est valoriser le travail de l’artiste, non seulement pour lui mais aussi pour l’entreprise et ses salariés qui auront côtoyé, voire participé à la réalisation de son travail. En réintégrant les productions de l’artiste dans le contexte habituel d’exposition des œuvres, on opère un aller-retour entre les mondes de l’art et de l’entreprise. On permet au salarié de choisir d’aller ou non vers l’œuvre qui a été/s’est produite au sein de son entreprise, d’agir en « spectateur émancipé ».

A côté de la mise en place d’un système, tel qu’OPA, la solution pour créer une forme d’évidence sur la présence de l’artiste au sein des organisations ne résiderait-elle pas dans le choix par des institutions artistiques d’exposer ce type d’expériences artistiques ? Dans le choix par des galeristes de défendre des artistes travaillant dans ce sens ? C’est en multipliant les immersions en entreprise et en leur donnant une visibilité dans le champ de l’art qu’émergera et s’affirmera un art pertinent dans sa relation à l’entreprise, en tant que forme esthétique à même d’introduire un étonnement dans l’espace de l’expérience commune.

Revue de presse (s.43)

Taches et coulures : fictions et récits vraiment ou banals « trucs » formels ?

Extraits :

« Il y a les taches et puis il y a les dégoulinades, ou les coulures, enfin ce qu’en art on appelle souvent les « dégoulinures », ces traces de peinture trop fluide qui tombent le long de la toile comme des gouttes de pluie sur la surface d’une vitre. »

Dans l’art actuel, les taches et les coulures brouillent donc les pistes. Avec elles, l’art bourgeois s’encanaille.

Mais en vérité la tache et la coulure sont des fictions.
….
Elles perpétuent la légende du hasard : le malheur magistralement récupéré par l’artiste virtuose. Ce sont des récits. Et, à l’instar de ce qui se passe dans le monde politique et économique, beaucoup d’œuvres contemporaines n’existent que grâce au récit qui les accompagne ».

In Ces coulures qui font tache, O. Cena, Télérama N°3067, p.67

Revue de presse (s.40)

Au sujet de Dump, installation de Christoph Büchel au Palais de Tokyo pendant l’exposition Superdome (29 mai au 24 août 2008).

Extrait.

« La force de l’œuvre de Christoph Büchel, et ce par quoi elle est pleinement artistique, réside dans la manière dont, esthétiquement, elle rend visible cette condition humaine et nous la fait éprouver.

L’artiste a conçu un dispositif formel et établi des protocoles de façon à mobiliser les yeux (par la richesse et la justesse des détails) et à impliquer le corps des visiteurs dans une expérience dont l’intensité physique et émotionnelle était productrice de sens.

Faire voir avec les yeux et expérimenter avec le corps pour faire éprouver et rendre concevable et palpable une réalité si proche et si étrangère, voilà ce que, mieux que toute autre pratique, peut l’art à la croisée du sens et de la sensation.»

In Art, sens et sensation, A. Rouillé, Editorial N°249, ParisArt, 2 octobre 2008

Olivier Greder : Un projet social de développement humain partagé au sein de l’entreprise.

Ce qui m’intéresse dans le projet OPA, c’est son potentiel à pouvoir générer des richesses non-utilitaristes.
L’immersion d’un artiste rémunéré dans l’entreprise selon les principes du projet OPA, ne vise pas la stimulation de la technocratie managériale, ni la production d’une œuvre pour la collection de ses dirigeants.
La cause est ailleurs.
Miser sur la fertilité que des rencontres entre des personnes d’imprégnation culturelle différente peuvent produire et faire de cette richesse un projet social de développement humain partagé au sein de l’entreprise, est ce qui me parait manifeste dans ce projet.
L’immersion d’un artiste dans l’entreprise selon les principes du projet OPA, c’est de la communication au sens actif ; quand des échanges intéressants sont possibles du fait des différences.
Il n’y a pas d’accord nouveau réel possible sans désaccord initial.
Le régime de l’obsession consensuelle et de la pseudo harmonie, entraîne l’abandon, voir le rejet de toute attitude ou forme de critique.
L’application globale du phénomène aboutit à la spoliation de la multiplicité des opinions et croyances au profit de la raison ambiante, tautologique.
Pour permettre d’arriver à un consensus, il faut très souvent sacrifier ses réticences, ou tout du moins les taire un moment pour simuler l’accord ; toute attitude critique est fort mal venue.
Le projet OPA réintroduit l’expérience courageuse de la confrontation. Etre au cœur de la fragilité, avoir la possibilité de faillir font partie intégrante de l’expérimentation. Le projet OPA permettrait de dépasser les consensus stériles et de refuser les échanges non dialogiques.
L’idée d’expérimenter une œuvre relationnelle sans contrepartie de valorisation conventionnelle au cœur de la fabrication des plus-values économiques, est une sorte d’exagération sûrement porteuse.
L’accord trouvé avec l’entreprise pour convenir de l’immersion d’un artiste dans les conditions du projet OPA, ne naît-il pas d’un décalage si grand au départ qu’il ferait advenir une sorte de compatibilité à l’endroit de logiques inconciliables ?

Revue de presse (s.31) : Périples/Travelling, Marcel Dinahet.

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Revue de presse (s.30) : Lettres de non-motivation, Julien Prévieux.

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Revue de presse (s.22) : Portrait de l’artiste en travailleur, Pierre-Michel Menger.

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in Menger P-M, Portrait de l’artiste en travailleur, La République des Idées, Seuil, p.12-13

Revue de presse (s.21) : Portrait de l’artiste en travailleur, Pierre-Michel Menger.

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Post-it (sélection semaine 20)

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