16, 17 et 18 OCTOBRE 2008 • QUAND L’ART FAIT DE L’ENTREPRISE SA MATIÈRE

3 JOURNEES DE RENCONTRES ET DE REFLEXION •
3 PROJETS ASSOCIANT LE MONDE DE L’ART ET DE L’ENTREPRISE :
OPA • DISPERSION CONTRÔLEE • ATELIERS DE RENNES •

Quand l’art fait de l’entreprise sa matière

Qu’est-ce que l’artiste vient faire dans l’entreprise ?

Dix mois après le lancement du programme OPA • Offre Publique d’Art, le Syndicat Potentiel organise trois journées de rencontres avec des artistes plasticiens et des responsables d’organisations qui ont fait le choix de faire se rencontrer leurs univers et pratiques.

A leurs côtés, des membres du groupe de réflexion, professionnels du monde de l’art et de l’entreprise, mettront en perspective ces expériences singulières dans le champ élargi des expériences associant ces deux secteurs d’activité.

Partage d’expérience, dialogue entre acteurs concernés et avec le public intéressé pour tenter de dresser un premier bilan de l’action et de répondre à ces questions récurrentes :

Pourquoi OPA propose à des organisations de devenir une «matière» de création ?
Qu’ont produit les artistes dans leurs entreprises d’immersion ?
Pourquoi un cabinet d’architectes a-t-il accepté de donner carte blanche à une artiste ?
Quelles étaient les motivations du comité d’entreprise d’Arte GEIE pour faire intervenir des artistes en relation avec les salariés ?
Quelles surprises ont réservé les deux immersions OPA chez Arte GEIE et GStudio ?
Qu’ont retenu les artistes de leurs séjours en entreprise ?

L’infiltration de l’art dans le monde de l’entreprise est un sujet d’actualité. Les immersions OPA ne se proposent ni de décorer un couloir ni d’accroître la productivité mais de partager un processus de création à même de produire du sens et de l’étonnement dans l’espace de l’expérience commune.

Quelles sont les questions posées, les perspectives ouvertes par cette approche singulière ?

Programme

Jeudi 16 octobre

13h00 - Accueil par le Syndicat Potentiel
13h15-15h00 - Conférence d’ouverture
OPA, présentation, réalisations et enjeux par Catherine Gier (chef de projet OPA).
18h00-20h00 -Rencontre-discussion
OPA - Immersion de Marie Bouts chez ARTE GEIE avec Marie Bouts (artiste), Hélène Mugnier (conseil art et management, membre du groupe de réflexion OPA), Laurence Stutzmann (chargée de mission RH et Organisation, ARTE GEIE), Jean-Philippe Beinert (président de la CCLOS du Comité d’entreprise d’ARTE GEIE).
20h00 - Projections
Interim [Dispersion contrôlée], David Zurmely, documentaire, 26’
Tirer sur la corde [un jeu de l’oie], Catherine Gier, 19’
Faire, Marie Reinert, 13’

Vendredi 17 octobre

9h00-12h00 - Atelier-formation
Etude de projets d’artistes en relation avec le monde économique : faisabilité, conseils, partage d’expériences. Animé par Catherine Gier et Hélène Mugnier, (sur inscription et envoi d’une présentation du projet sur une page A4 maximum, limité à 12 participants).
13h00-15h00 -Rencontre-discussion
Dispersion contrôlée [une semaine de ruche en réseau], intervention d’Interim-équipe d’artistes chez ARTE GEIE en présence de Céline Ahond, Marie Bouts, Julien Celdran, Lou Galopa, Catherine Gier, Séverine Hubard, Alice Retorré, Till Roeskens, présentée et animée par Olivier Grasser (directeur du FRAC Alsace, membre du groupe de réflexion OPA).
16h00-17h30 - Rencontre-discussion
Les Ateliers de Rennes - Séjour de recherche et de création en entreprise de Marie Reinert au Conseil Général d’Ille et Vilaine avec Marie Reinert (artiste).
18h00-20h00 - Rencontre-discussion
OPA - Immersion de Julie Vayssière chez GSTUDIO avec Julie Vayssière (artiste), Paul Ardenne (critique d’art, membre du groupe de réflexion OPA), Olivier Greder (architecte, GStudio), Michaël Osswald (architecte, GStudio), Emmanuelle Rombach (GStudio).

Samedi 18 octobre

13h30-18h00 - Immersion-visite
OPA – Immersion de Julie Vayssière chez GSTUDIO, découverte des lieux d’immersion de l’artiste à Strasbourg et Sainte-Croix-aux Mines, en compagnie de l’artiste et de membres de GStudio (sur inscription).
18h00-19h00 - Promenade
Sainte-Croix-aux-Mines et autour, balade sur une proposition de l’artiste (sur inscription).
19h30-… Repas-Projection
Occupation maximale de la maison G070 à Sainte-Croix-aux-Mines, 10 rue des Coccinelles.

Informations pratiques

Quand ? 16, 17 et 18 octobre 2008

Où ? Ouverture au public le 16 octobre à 13h00 à la Maison des associations, 1a place des Orphelins à Strasbourg. Entrée libre.

Inscriptions atelier-formation du 17 octobre et journée du 18 octobre ? 03 88 37 08 72 ou catherine.gier[arobase]action-opa.fr

Ça produit quoi, une immersion ? Quelques éléments concrets de réflexion.

Les retours des personnes accueillant les deux premières artistes en immersion : Marie Bouts chez Arte et Julie Vayssière chez Gstudio sont positifs, enthousiastes même.

Mon vécu de l’intérieur, à la fois en tant qu’organisatrice et qu’artiste impliquée, de l’intervention d’Interim chez Arte m’a également permis de valider le présupposé de départ d’OPA : l’intérêt de la contamination d’une organisation humaine tant pour l’artiste que pour l’entreprise qui devient son terrain d’observation, d’étude, d’invention, d’imagination. Les effets de la présence d’un artiste sont multiples : questionnement sur le quotidien et la réalité de l’organisation investie, déplacement et effet miroir de la pratique de travailleur, bouleversement des habitudes, introduction d’énergie, d’air, d’enthousiasme, d’éphémère, de révolte, de poésie dans des logiques de productivité, de gestion, du geste nécessaire et utile. Multiplication des sourires francs sur les visages, jour après jour. Sensation d’une modification du battement interne de l’entreprise, accélération, due aussi au nombre d’artistes intervenant ensemble au sein de l’entreprise, en « commando ».

Poursuivre le projet OPA, c’est mettre à profit toute l’expérience acquise dans le cadre du projet d’intervention d’Interim chez Arte, de l’immersion plus longue en ces mêmes lieux de Marie Bouts, pour convaincre d’autres organisations de sauter le pas, de se lancer.

C’est permettre à l’art d’investir d’autres champs que ceux qui lui sont habituellement dédiés : le musée, la galerie, pour inventer de nouvelles règles de développement de l’activité artistique en relation avec la société, de nouvelles modalités de rémunération des artistes, non pour la seule production d’objets mais pour le libre jeu de leurs facultés de création au sein d’un organisme exogène, pour créer de nouveaux usages dans la diffusion de l’art dans la société et espérer ainsi multiplier les débouchés professionnels pour les artistes à côté du marché de l’art conventionnel, c’est réaliser l’utopique et souhaitable confusion de l’art et de la vie dans un temps d’activité essentiel et problématique pour une majorité d’êtres humains.

C’est enfin créer des situations nouvelles et exemplaires,  à partir desquelles réfléchir sur les modalités du fonctionnement du monde du travail, interroger la fonction de salarié et d’indépendant, mettre en perspective les limites et les risques de chacune de ces postures à l’échelle globale de la société. Regarder un artiste œuvrer dans une entreprise : grain de sable ou eau apportés au moulin de l’entrepreneur et du système qu’il a bâti, divertissement ou remise en question de ses employés et collaborateurs ?..

Motivation : Julie Vayssière

« l’artiste est les artistes / le salarié est les salariés
l’artiste et les artistes / le salarié et les salariés
l’artiste et les salariés / les artistes et le salarié
l’artiste et le salarié / l’artiste est le salarié

Entreprise = micro monde
L’entreprise comme nouvelle forme de lieu, de moyen d’échange et de diffusion.
Se placer dans un contexte réel pour observer, tester, enregistrer, raconter…
Poser la question du statut de l’artiste, du rapport social, du rapport au monde.
Celle de l’artiste et du spectateur.

« L’artiste n’est pas le seul à accomplir l’acte de création car le spectateur établit le contact de l’œuvre avec le monde extérieur (…) et par là ajoute sa propre contribution au processus créatif. »
Marcel Duchamp

« Une entreprise est d’abord une aventure humaine. Ce sont des hommes. Et ils sont au service des hommes. »
Martin Bouygues »

Motivation : Francis Guerrero

« Ancrage dans la réalité qui reste réelle dans l’œuvre.
Le travail d’un artiste dans un contexte donné, perd de son intérêt si ce contexte est déplacé pour être reproduit dans un cadre muséal. On ne peut plus parler alors de travail contextuel mais plutôt de reproduction réaliste d’une situation donnée.

Ici nous parlerons de travail circonstanciel, dans le sens où ce qui constitue l’œuvre c’est justement ce qui est en œuvre, ce qui se joue dans l’environnement du metteur en œuvre (celui qu’on nomme encore pour l’instant « artiste »).

Le contexte en tant que tel, comme condition de création, de diffusion et d’existence de l’œuvre.

L’œuvre dans un contexte n’est pas seule et occupe un espace partagé alors sa lecture est aussi multiple en fonction de l’intérêt des différents acteurs qui s’y confrontent.
Dans l’action contingente pour l’emploi des artistes Précaritas, annoncée comme œuvre, nous avons déjà pu constater qu’en fonction des interlocuteurs, différentes formes de regards et donc de discours se manifestaient (sociaux, sociologiques, politiques, esthétiques, militants, activistes, poétiques, a.n.p.e.tiques, informatiques, économiques…). Si c’est d’une part un gage du potentiel pédagogique de l’œuvre c’est aussi le rôle fondamental de toute œuvre qui doit pouvoir être appropriée par n’importe qui et à partir de son propre champ, son propre parcours, son expérience propre.

Alors l’art ne serait que l’art et paradoxalement ce serait pour ça qu’à côté d’autres disciplines il deviendrait médiant, endroit bancal des possibles et de l’impensé. »

Un artiste en entreprise : pour quoi faire ?

« Le travail d’un artiste dans un contexte donné, perd de son intérêt si ce contexte est déplacé pour être reproduit dans un cadre muséal. On ne peut plus parler alors de travail contextuel mais plutôt de reproduction réaliste d’une situation donnée. Ici nous parlerons de travail circonstanciel, dans le sens où ce qui constitue l’œuvre c’est justement ce qui est en œuvre, ce qui se joue dans l’environnement du metteur en œuvre (celui qu’on nomme encore pour l’instant « artiste »). Le contexte en tant que tel, comme condition de création, de diffusion et d’existence de l’œuvre.»

Francis Guerrero, OPA Pistes de pensée mais à travers champs, 23 août 2007

Outre l’intérêt évident de ce projet pour l’élargissement pour les artistes des possibles de création et de rémunération, il nous paraît que la présence d’un artiste dans une entreprise peut être à l’origine d’expériences constructives pour les organisations dans les processus qu’elle conduisent en vue d’atteindre leur objectif .

Ainsi, l’artiste peut faire profiter l’entreprise d’une ouverture sur les méthodologies et moteurs propres à son activité, potentiellement partageables :

- Employer une grande liberté de méthode au service de la créativité et de l’invention.
- Apprendre à faire confiance à son intuition et à son talent.
- Avoir le besoin de savoir ce qui est essentiel.
- Connaître l’importance du détail.
- La conscience professionnelle est fondamentale.
- Encourager l’imagination, la fantaisie, la rupture, l’étrange.
- Rechercher le paradoxe.
- Expérimenter sans cesse.
- Jouer avec la prise de risque.
- Rendre contagieux l’enthousiasme et le désir.
- Assumer les échecs.
- Essayer de transformer les ratages en piste de travail.
- Instaurer un questionnement permanent.
- Contourner les hésitations paralysantes.
- Oser.
- Savoir transformer le stress en énergie créatrice.