post-it numéro sept en fin de troisième semaine (crise)

post-it 07 : le dessin

les sous d’arte

sous_arte cartographie

le tableau de la crise

tableau fin semaine 03

fin de la troisième semaine

LA CRISE du dessin

- leur taille (très petite) par rapport à celle des bâtiments d’arte

- leur taille en soi (me sentir enfermée dans le format petit)

- le risque de l’esthétisme / formalisme

- la maîtrise de l’outil devient un obstacle

Même si j’ai exploré des formes que je ne connaissais pas ou que je n’expérimentais pas jusque-là (en partie)

Même si j’assume de travailler dans le sens d’une « beauté » -  - - - - -

- - - - - J’ai « trop » dessiné cet hiver : en novembre, je suis passé à la plume et au grand format pour être déroutée, mais j’ai apprivoisé l’ensemble.

JE VAIS OU MAINTENANT ?

Par contre, je commence – à force d’entretiens – à avoir une vision particulière d’ARTE, qu’il me semble que je n’arrive pas encore à exprimer. Pour ça, il faudrait que je récupère le côté

CARTOGRAPHIQUE de mon travail.

J’ai besoin d’une PAUSE – sans rien faire de mes mains, de ma tête, que la chose se travaille à l’intérieur de moi sans que je la cherche (comme les choses se travaillent parfois en dormant, comme le bois travaille, se déforme) pour filtrer, macérer, décanter… MAIS LE TEMPS EST COURT

délire

Cartographie de mes temps

1 : TOUT ne peut pas arriver en même temps

2 : moi = corps, cervelle, conscience, imagination, cœur, nerfs, fluides, sens, intuition, liste non exhaustive. Mettons que tous ces éléments soient (relativement) unifiés pour une vie.

3 : l’entité du moi perçoit la succession des tâches et des événements comme une succession de points qui matérialisent le temps – le rendent perceptible.

4 : peut-être que le temps est une étendue dans laquelle ce moi se promène.

5 : dans cette étendue, le moi unifie les étapes en une suite de points et croit à la nature linéaire du temps (un chemin parmi d’autres).

6 : mettons que ces points du temps soient des stations.

(à suivre)

 

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Hélène Mugnier : Que reste-t-il de l’art quand l’artiste se contente de proposer une expérience et un regard à partager ?

Hélène Mugnier, consultante en entreprise par le vecteur de l’art, nous propose son point de vue sur le projet OPA :

Le projet OPA n’est ni hostile ni financier, il n’a donc rien d’une OPA au sens économique du terme sinon qu’il se prête sciemment à une confusion des genres, comme pour mieux signifier son ambition d’interroger les modalités de l’entreprise.

Offre Publique d’Art se présente donc comme une proposition artistique destinée aux entreprises, prenant la forme d’un échange avec l’un des artistes du collectif, le temps d’une résidence. Voilà une initiative artistique qui m’a séduite et donné à réfléchir tant elle m’apparaît atypique à plusieurs titres.  Je proposerai ici d’expliciter les caractéristiques d’OPA telles je les ai perçues. Je précise à toutes fins utiles que cette petite contribution est à entendre d’un point de vue particulier, émanant de ma pratique professionnelle auprès des entreprises d’une part, et de mes recherches sur le statut de l’artiste et la place de l’art d’autre part. Un point de vue pratique et sensible, plutôt que théorique ou critique donc.

Un projet artistique immatériel et sans objet
OPA, initiative atypique, parce que d’abord, cette proposition artistique rompt, dans la forme et dans l’esprit, avec ce qu’on appelle communément « art » : ni objet esthétique, ni action spectaculaire, il s’agit ici d’un dispositif évolutif, ouvert, relevant d’une intelligence sensible et relationnelle, sans objectif défini a priori. En bref, OPA propose une forme d’art discrète, vivante et désacralisée et s’inscrit dans un mouvement croissant de l’art contemporain, celui que Nicolas Bourriaud a appelé « esthétique relationnelle» ou que Paul Ardenne a décrit comme « art contextuel ». Ce courant de l’art contemporain pose avec un certain courage une question : que reste-t-il de l’art quand on s’affranchit de ses codes extérieurs, c’est à dire du décorum du musée ou de la galerie, de la fétichisation de « l’œuvre » comme objet, des lois arbitraires du marché de l’art, de la posture de l’artiste en démiurge déjanté ? Que reste-t-il de l’art quand l’artiste se contente de proposer une expérience et un regard à partager ? Pour OPA, l’enjeu de l’art contemporain semble bien se situer dans ce questionnement. D’une manière inédite par ailleurs, pour l’entreprise contemporaine, ces formes d’art immatérielles, sensibles, expérientielles résonnent avec la mutation de l’économie de l’immatériel précisément, et donnent à penser d’un nouveau point de vue l’économie des savoirs et des talents, de l’innovation, de la mobilité, du virtuel.

Un projet collectif, un travail d’équipe
OPA est aussi un projet conçu et porté par un collectif d’artistes, partageant une même curiosité à l’égard de l’entreprise. Chacun n’en a pas moins, bien entendu, un talent artistique propre, fait de ses savoir-faire et de sa sensibilité. Mais le montage en équipe du projet apparaît comme une spécificité d’OPA et c’est une vraie gageure à souligner dans l’environnement artistique où prévaut la posture individualiste, depuis la génération romantique du début du XIXe siècle. OPA a donc son chef de projet, Catherine Gier en l’occurrence, qui en assure la communication (plaquette, blog…), coordonne les actions de chaque artiste et suit la mise en œuvre de chaque résidence en entreprise. Ceci dit, l’organisation de l’équipe OPA relève davantage du réseau connexionniste et horizontal que d’une structure verticale dirigiste, c’est tout l’intérêt expérimentateur de cette aventure : une tentative de fédérer des compétences complémentaires afin de donner plus de force et d’impact à chaque démarche artistique individuelle. L’équipe s’est enfin associée un comité de réflexion avec des personnes extérieures afin de proposer différents éclairages à son travail et à son engagement. (C’est dans ce cadre que j’ai le plaisir d’écrire ici) En ce sens, OPA nous rappelle opportunément que la création ne s’improvise pas, elle est un travail exigeant, un métier à compétences multiples : concevoir, développer, communiquer, rencontrer un public. Voilà qui rappellera à d’aucuns une forme originale du management par projet.

Un dialogue ouvert sur l’entreprise
Innovante aussi parce qu’elle est dédiée justement à ces entreprises, et ce, dans une logique d’échange réciproque. Or ce champ économique brille plutôt par son relatif effacement sur la scène artistique contemporaine. Après l’ère de la contestation idéologique, de la parodie humoristique ou provocatrice, puis du cynisme manipulateur, étrangement, les artistes actuels semblent s’être détournés de l’économie triomphante, comme si celle-ci ne les concernait pas ou plus ou moins. Il est vrai que perdurent différentes formes d’appropriation de l’économie dans l’art contemporain, sans pour autant créer de dialogue efficient avec cet univers. Ainsi, si OPA s’inscrit dans un ensemble d’autres initiatives artistiques( dont Paul Ardenne a précédemment sur ce blog parfaitement rappelé les caractéristiques et parmi lesquelles Ikhea©Services (Jean-Baptiste Farkas) et Courants Faibles (collectif initié par Liliane Viala) m’apparaissent les plus proches), ces exemples ont un coefficient de visibilité faible, et en tout cas, tout à fait nul du point de vue des entreprises, alors même qu’elles les interrogent directement. Point d’autant plus étrange à relever que la mondialisation du capitalisme libéral inquiète par son déploiement incontrôlé jusqu’à ses acteurs eux-mêmes. Par exemple, mes interlocuteurs dirigeants ou managers en entreprise, se montrent de plus en plus avides de se frotter à la création contemporaine pour se renouveler. OPA, en tout cas, s’empare du sujet et voit au contraire dans l’entreprise un espace inspirant d’exploration.

La conviction d’avoir à proposer à l’entreprise une valeur ajoutée
Le dénominateur commun des artistes du collectif est fondé sur un parti-pris : la construction d’un échange réciproque avec l’entreprise. En dépit de la diversité des personnalités donc des propositions qui prendront forme en résidence, ces artistes partagent une ambition : partager une expérience avec leur hôte en résidence, s’en approprier les modalités de fonctionnement, y investir leur capacité créative et y frotter leur sensibilité. L’énumération de leurs différentes propositions est éloquente sur ce qu’ils considèrent comme leur valeur ajoutée, en tant qu’artistes : « Oser », « Apprendre à faire confiance à son intuition et à son talent », « Avoir le besoin de savoir ce qui est essentiel », « Encourager l’imagination, la fantaisie, la rupture, l’étrange », « Expérimenter sans cesse », « Rendre contagieux l’enthousiasme et le désir », « Assumer les échecs », « Essayer de transformer les ratages en piste de travail », « Contourner les hésitations paralysantes », « Savoir transformer le stress en énergie créatrice », « Jouer avec la prise de risque », « La conscience professionnelle est fondamentale », « Employer une grande liberté de méthode au service de la créativité et de l’invention ». On ne sera pas surpris de retrouver dans la valeur ajoutée d’un processus artistique le vocabulaire de la créativité et de l’imaginaire, ainsi que du jeu ou de l’audace. On le sera davantage face à la récurrence d’un langage du questionnement plutôt que de l’affirmation, tant notre culte de l’art tend à nous le faire prendre au sérieux, au pied de la lettre et pour argent comptant : « essayer, expérimenter, apprendre, hésitations ». Le tâtonnement par essai-erreur est souligné et rappelle opportunément le cheminement tortueux qu’est celui de l’art. Pour autant, on note aussi dans ces énoncés une volonté incompressible d’action : « faire confiance, transformer, énergie, travail ». Enfin, il n’est pas inutile d’attirer l’attention sur l’expression explicite d’une pratique artistique rigoureuse et réfléchie, à rebours de l’idée souvent excessivement émotionnelle ou déstructurée que l’on se fait du travail artistique : « apprendre, employer, méthode, conscience professionnelle fondamentale, goût du détail, travail ». La complexité du processus artistique en ressort infiniment plus riche que ce à quoi il est souvent réduit, c’est à dire une quête esthétique ou idéaliste. Voilà au contraire un processus qui s’affiche et perçoit son apport essentiel dans un parcours acrobatique, exigeant, sans cesse remis en question… et pourtant stimulant et efficient !

Conclusion provisoire
OPA me parle donc avec intensité et acuité de mon environnement professionnel et économique, à la fois comme projet immatériel et processuel, comme aventure collective, comme ouverture courageuse au monde de l’entreprise, comme créateur d’une valeur ajoutée riche de sens. J’y relis aussi, en miroir, nombre de processus propres à la création d’entreprise et à la posture d’entrepreneur : volonté de faire entrer en acte une idée, capacité à mettre en œuvre collectivement des compétences complémentaires, avancée par tâtonnement et remise en question permanente, pragmatisme de cette première étape et ambition stratégique de développement à moyen terme. Resterait à explorer avec plus de précision les enjeux que pose OPA du point de vue de l’entreprise et du renouvellement en cours dans les pratiques managériales. Je m’y essaierai avec plaisir  ultérieurement sur ce blog.

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un détail à voir

je me régale

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