Revue de presse (s.37)

Article publié “A la une” sur FocusRH, entretien avec Eric Seuilliet, consultant, fondateur du cabinet de conseil e-Mergences.

Extraits.

« Longtemps éloignés des acteurs économiques, les créateurs contemporains deviennent aujourd’hui des consultants à part entière. Ils interviennent au niveau de l’innovation produit mais également au niveau de l’approche RH. »

« Les artistes, grâce à leur sensibilité, s’imprègnent de leur environnement et deviennent des capteurs d’informations, de véritables moteurs de recherche, des catalyseurs d’idées. »

In Les artistes infiltrent l’entreprise, C. Lambolez, FocusRH, 7 mars 2007

Motivation : Francis Guerrero

« Ancrage dans la réalité qui reste réelle dans l’œuvre.
Le travail d’un artiste dans un contexte donné, perd de son intérêt si ce contexte est déplacé pour être reproduit dans un cadre muséal. On ne peut plus parler alors de travail contextuel mais plutôt de reproduction réaliste d’une situation donnée.

Ici nous parlerons de travail circonstanciel, dans le sens où ce qui constitue l’œuvre c’est justement ce qui est en œuvre, ce qui se joue dans l’environnement du metteur en œuvre (celui qu’on nomme encore pour l’instant « artiste »).

Le contexte en tant que tel, comme condition de création, de diffusion et d’existence de l’œuvre.

L’œuvre dans un contexte n’est pas seule et occupe un espace partagé alors sa lecture est aussi multiple en fonction de l’intérêt des différents acteurs qui s’y confrontent.
Dans l’action contingente pour l’emploi des artistes Précaritas, annoncée comme œuvre, nous avons déjà pu constater qu’en fonction des interlocuteurs, différentes formes de regards et donc de discours se manifestaient (sociaux, sociologiques, politiques, esthétiques, militants, activistes, poétiques, a.n.p.e.tiques, informatiques, économiques…). Si c’est d’une part un gage du potentiel pédagogique de l’œuvre c’est aussi le rôle fondamental de toute œuvre qui doit pouvoir être appropriée par n’importe qui et à partir de son propre champ, son propre parcours, son expérience propre.

Alors l’art ne serait que l’art et paradoxalement ce serait pour ça qu’à côté d’autres disciplines il deviendrait médiant, endroit bancal des possibles et de l’impensé. »

Pistes de travail : Stéphanie Leininger

- Créer des micro-événements dans des interstices de temps et d’espace qui correspondent à un entre deux qui est d’ordre collectif. Ainsi, imaginer des interventions pouvant apporter un espace d’évasion fugace entre les temps de travail, dans les espaces communs. Les couloirs, la zone machine à café, les espaces de repos, le hall d’entrée, l’ascenseur, le parking. De même que quelques courtes minutes de sommeil peuvent s’avérer réparatrices, les espaces de transition habités de micro-événements inattendus peuvent constituer un souffle d’imaginaire pour des organismes soumis à une activité continue et où l’attention est mobilisée en permanence dans un champ donné.
- Créations de textes à partir du vocabulaire actif dans l’entreprise et détournement de ce langage pour composer des formes nouvelles, ouvertes et insaisissables, affichage des objets langage ainsi créés.
- Affichages sous la forme d’annonces inventées comme un jeu autour d’une poétique d’objets trouvés en recherche de leurs propriétaires.
- Création d’un « bureau des projets fictifs inutiles et impossibles «. Ce bureau, lieu de travail de l’artiste peut prendre toutes les formes, il peut être mobile, éphémère et protéiforme.
Il est un laboratoire-atelier où l’artiste expérimente son environnement, joue et explore ses données contextuelles et les réinterprète selon des codes personnels et des processus créatifs à partager.
Cet atelier bureau deviendra au fur et à mesure de son occupation par l’artiste un espace collectif où chacun sera invité à participer, à apporter ses idées, ses échappées d’imaginaire, étincelles de méditations et autres espaces de liberté.
On pourra y ajouter ou enlever des images, idées, textes, objets, n’y rien faire, s’y reposer, y parler ou juste passer pour voir quelques indices d’une collection d’impossible et d’éphémère suspendu au fil du vide espace créateur.

Créer de nouveaux contextes favorables à l’art

L’association Le Faubourg - créée en 1992 par une dizaine de plasticiens de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg - a pour objet statutaire le soutien à la création contemporaine sous ses formes les plus expérimentales.

Comment soutenir l’art et les artistes ? L’association s’est donné successivement plusieurs moyens pour y parvenir :
- sous l’appellation «Le Faubourg, espace d’art contemporain», en organisant de multiples expositions qui ne trouvaient leur place ni dans des centres d’art publics ni dans des galeries privées ;
- sous le nom «Syndicat Potentiel Strasbourg» en soutenant des pratiques artistiques qui questionnent leur environnement quotidien, social ou économique ;

Composée et animée par des artistes, l’association se distingue en élargissant l’expérimentation jusqu’aux modes d’organisation, de financement et de médiation de l’art, en cherchant à dépasser les fonctionnements habituels du milieu de l’art. Ainsi, en 2007, l’action Précaritas a permis de salarier 5 artistes plasticiens pendant 9 mois grâce à des contrats aidés, avec le minimum de contraintes imposées.

Tous ces cheminements nous amènent aujourd’hui à soutenir et à encourager des pratiques artistiques qui se distinguent par le fait de choisir des organisations humaines (entreprises, administrations) comme cadre et support de production de l’œuvre, qu’elle soit matérielle ou immatérielle, objet ou processus.

Ainsi se précise la prochaine étape de «recherche de contextes et dispositifs pouvant accueillir l’art» : l’action OPA décrite dans ce dossier préfigure de nouvelles découvertes et pistes à suivre, tant pour le Syndicat potentiel, que pour les artistes associés ou invités et les publics.

Jean-François Mugnier
Coordinateur de l’association Le Faubourg

 

Lexique :

Le Faubourg : Nom de l’association crée en 1992 à Strasbourg, et par usage l’appellation du lieu d’exposition jusqu’en 2000/2001. Le nom provient de la localisation d’un premier local «rue du Faubourg de Pierre» à Strasbourg en 1992.

Syndicat Potentiel : Nom d’un projet artistique crée en 1999 par le collectif d’artistes Bureau d’études à Paris. Ce projet a ensuite redéfini les orientations de l’association Le Faubourg à partir de 2000/2001, sous le nom Syndicat Potentiel Strasbourg qui est aussi par usage l’appellation du lieu d’exposition à partir de 2000/2001. Le Syndicat Potentiel n’est pas un syndicat, n’a ni programme politique, ni adhérents.

Précaritas : Précaritas est une action artistique et contextuelle, destinée à des artistes en situation précaire (érémiste, allocataire spécifique de solidarité ou au chômage depuis longtemps); Le but suivi étant de leur permettre de poursuivre leur activité artistique principale en étant salariés. il ne s’agit pas de leur demander un travail différent de leur pratique habituelle, mais en contrepartie il srelatent chaque semaine sur le blog http://precaritas.free.fr leur fonctionnement au travers de ces 5 points de restitution : la Feuille de Présence, les Affaires en Cours, le Semainier, le Temps Libre, le Poste de Travail.