Alors toi tu habites dehors ?

Le berger -Elle est passée comme un coup de vent, pas de projets, pas de but, pas de désirs, pas d’envie.

Un camionneur -C’est plus la saison pour camper, y’ a plus personne.
Mona -Y’a moi.

Une fille -J’aimerai mieux m’en aller. Cette fille qui est venue chercher de l’eau, elle était libre, elle va où elle veut.
Sa mère -Peut-être qu’elle ne mange pas à sa faim tous les jours, servie par sa mère.
La fille -Parfois ce serait mieux de ne pas manger. Moi, j’aimerai être libre. Moi, j’aimerai être libre.

Un homme -Alors toi tu habites dehors ?
Mona -Oui.

Mona à la conductrice qui lui donne de l’argent -Du blé pour du pain !

La conductrice -Ce qui m’a troublée, c’est que très vite j’ai oublié sa puanteur, sa tabagie, sa misère parce-qu’elle était bien dans ma voiture, elle était comme chez elle.

Le berger -Tu te ballades seule, tu souffres pas trop de la solitude ?
Mona - Seule, c’est bien.

Le berger à Mona -Toi, c’est la liberté totale que tu as choisie mais tu as la solitude totale. Il y a un moment où si on continue je pense on se détruit, on va à la destruction et si on veut vivre on arrête. D’ailleurs tous mes amis qui on fait la route et qui ont continué sont morts ou sont devenus des loques, alcooliques ou drogués, parce-que la solitude les a bouffé complètement.

Au café, un client -C’est moi que tu regardes ou bien le sandwich ?
Mona -Plutôt le sandwich
Lui - C’est dommage… Tu en veux un ?
Elle -Oui.

Extraits : Sans toit ni loi / Film d’Agnès Varda 1985