la semaine dense

LUNDI
Cahors - Paris
Panne de locomotive, une heure de retard, sept heures de lecture. Le langage est une rhapsodie, disait Leibniz dans mon rêve. La musique est une mathématique occulte, dit le même Leibniz dans mon livre.

Guillaume (nous nous sommes connus parait-il quand nous avions deux ans) travaille en mathématique fondamentale sur les particularités locales dans un ensemble.
J’ai envie de lui dire que moi aussi (je n’ose pas).

Je me demande quelles portes je peux ouvrir si je prête attention au hasard.

Je pense aux guerriers des steppes : leurs pieds sont enracinés dans la terre, le ciel caresse leur dos.

NUIT
profonde

MARDI
Paris – Strasbourg
Lou, chez qui je vis en ce moment, est dans le même train que moi - mais je ne le sais pas (elle non plus).

Les intermittents de théma fêtent au champagne la fin de leurs quinze ans d’intermittence chez arte. Ils sont mécontents : ils retrouvent leur statut dans toute sa réalité (la non permanence des choses).

Je suis submergée par l’information : je ne peux pas fixer la non permanence des choses.

Chez Catherine, le temps tourne à l’envers pour 100% des invités (3). Printemps hiver automne été.

NUIT
Boueuse (muddy night).
Je rêve d’un dessin en particulier (et des restitutions – ici présentes).
Travailler en dormant est toujours étrange (et ça m’arrive souvent).

MERCREDI
Le matin, les choses viennent sans que je les décide. Est-ce que « ce qui crée » est à l’extérieur ou à l’intérieur de moi ? Est-ce que je suis auteur ou canal ?

L’après-midi, j’essaye de réaliser le dessin de mon rêve. Je le recommence plusieurs fois. C’est long. Pour avoir du sens, le dessin doit être l’image, il ne peut pas être la copie de l’image (celle que j’ai dans la tête).

Je suis submergée par l’information : je ne peux pas fixer à nouveau ce que j’ai déjà fixé la nuit.

NUIT

Grise

Virus trojan réparé en plusieurs phases insomniaques. Une certaine addiction à l’ordinateur et au courrier virtuel. Dans la chambre d’à côté, Lou, chez qui je vis, a des insomnies en contrepoint (elle dort / je suis éveillée, elle est éveillée / je dors).

JEUDI
Le dessin en question, à force de le chercher, vient à moi.
Je fais deux entretiens à la suite (une première dans ma vie) : épuisant.

NUIT
A venir
Je voudrais rêver : ça me porte, à chaque fois.

VENDREDI
Voir D pour un tableau magnétique.
Tout ce qui ne concerne pas la matière même de mon travail me bouffe du temps.
Dessiner = prendre du recul. Prendre du recul sur ce recul me dissocie et me disperse, me projette à l’extérieur de ma matière.

Faire six heures de train.